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valerieanvers

Ce qui m'émeut... (1)

Ça se passe à la terrasse d'un café, quelque part en dessous de l'Aubrac, au début de l'Aveyron. C'est un dimanche matin, à la sortie de la messe.

Je suis de passage et accompagnée. Et puis il y a ce vent de douceur, ce mouvement lent que rien ne presse des anciens. Derrière la personne avec qui je partage ce moment, ce matin grisâtre et mi-pluvieux de juillet, le groupe de huit anciens s'installe.

Et là, comme un tableau, devant la jolie vitre du bar qui dessine au dessus d'eux de grandes voûtes argentées, il y a ces quatre papys, coiffés de bérets. Ils sont alignés hors du temps, et pourtant bien là, avec l'élégance impérative du dimanche, chemise et veste compatibles. La tablée entend bien profiter gentiment de l'après messe, du petit verre d'alcool d'après le devoir religieux accompli.

Et moi, une vague de tendresse et d'émotion me submerge. Pourquoi? Je n'en sais rien et si j'en savais quelque chose, ça n'aurait pas grande importance. Un des quatre papys qui me font face a cerné mon intérêt pour leur belle équipée. Il s'interroge, je le vois dans ses yeux. Il se demande avec curiosité ce que je leur trouve.

Je leur trouve qu'ils sont beaux, magnifiques, qu'ils embrassent le monde d'une paix qui nous échappe. Alors bien sûr, ils ont les immondes masques bleus autour du cou. Et bien sûr, ils ont traversé ce covid comme nous tous. Mais ils en ont vu d'autres.

Et je sens le besoin de garder trace de l'instant. Pas pour moi, pas pour eux, je n'ai pas la moindre explication à cette nécessité qui s'impose.


" Tu ne vas pas faire ça?"


Mais si, en fait. J'ai ce téléphone depuis peu, je ne m'en sers pas, je n'ai jamais fait de photos avec un téléphone avant les quelques jours qui précèdent.


Les papys acceptent, flattés et amusés. Ils ôtent volontiers les masques.


"Si ça tombe, on va passer à la télé!"


J'ai rappelé le bar, pour demander l'autorisation de mes quatre modèles et je vous offre ce jour ce qui m'émeut.

Il n'est pas utile de comprendre ce qui nous touche, il est essentiel de le ressentir pleinement, de s'y adonner et de le lancer au vent, que la vibration perçue fasse son œuvre.


Ils ne sont pas beaux, mes papys?



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